Et pourquoi pas un poème ?
En ce moment, la chaleur est caniculaire. Sortir demande un effort et notre corps se met volontiers au ralenti. S’assoir à l’ombre et laisser vagabonder son esprit est alors assez facile : je ne demande rien à mon cerveau et il se met en mouvement tout seul. Il paraît même que c’est quand on ne lui demande rien qu’il travaille le mieux ! C’est déjà une forme de contemplation : des pensées arrivent et je les laisse passer. Je les observe sans les retenir. Parfois elles rebondissent et parfois elles disparaissent. De ces rêveries peuvent naître des poèmes, ou plutôt des rythmes de mots, ou des mots en rythme… En tout cas, en voici un que je partage bien volontiers.
Ce que le cheval murmure à l’âme
Il ne parle pas.
Il perçoit.
Il ne juge pas.
Il ressent.
Le cheval, grand herbivore au cœur paisible,
N’a jamais eu besoin de dominer pour survivre.
Il écoute le vent,
Il sent la pluie avant qu’elle ne tombe,
il capte les battements de ton cœur avant que tu ne t’en aperçoives toi-même.
Et toi, humain pressé,
Formé par une société qui t’apprend à gagner, à prévoir, à te méfier,
Tu as oublié.
Tu as oublié que tu es fait d’instinct et d’intuition,
De silence et de souffle.
Tu as oublié que tu fais partie du monde vivant,
Non pas en spectateur, mais en frère.
Non pas au-dessus, mais avec.
Le cheval t’invite à revenir là.
Là où le présent ne se mesure pas en performances,
Mais en battements partagés.
Il ne te demande rien,
Si ce n’est d’être vrai.
Ici, pas besoin de masque.
Ta colère, ta douceur, ton hésitation :
Il les sent.
Et il y répond.
Pas pour te plaire.
Pour t’aider à te voir.
Avec lui, tu peux oser.
Tenter une nouvelle posture, un autre souffle,
Et recevoir en retour un écho vivant,
Un signal clair :
Oui, là, tu es aligné.
Oui, là, tu es en paix.
Le cheval ne t’enseigne pas.
Il te rappelle.
Il te rappelle que tu sais déjà.
Il te montre que tu peux choisir :
Compétiteur ou compagnon,
Prédateur ou partenaire,
Fermé ou relié.
Et dans ce choix, peut-être,
Une autre manière de vivre s’invite,
Plus vaste, plus douce, plus vivante.
Une manière d’être pleinement soi…
Avec la nature,
Avec soi-même.